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Il se trouve nul car il n’y arrive pas du premier coup : comprendre et aider votre enfant

« Je suis nul ! »

Si vous êtes parent, il est fort probable que vous ayez déjà entendu cette phrase.


Elle arrive parfois après une faute dans un cahier, un panier manqué, un dessin raté ou une note de musique qui dérape.

Pour nous, cela peut sembler anodin mais pour un enfant, cet instant peut prendre des proportions énormes.


Certains enfants vivent chaque tentative comme un verdict.


Si ça marche tout de suite, ils sont « bons ». Si ça rate, même une seule fois, ils se croient « nuls ». Il ne s’agit pas d’une simple frustration : c’est une manière de se juger très durement.


Ce réflexe n’est pas rare. Beaucoup d’enfants ont une envie naturelle de bien faire. Mais chez certains, cette envie se transforme en exigence si forte qu’elle étouffe le plaisir d’apprendre.


Vouloir réussir n’est pas un problème, au contraire. Cela motive, donne de l’énergie, nourrit l’envie de progresser.


Mais quand cette envie devient un poids, l’enfant finit par croire qu’il doit être parfait immédiatement.


Alors, la moindre erreur devient insupportable. L’échec n’est plus une étape, il devient une preuve d’incapacité.

Résultat : l’enfant se décourage, s’énerve, ou abandonne.


Ce n’est pas qu’il est « fragile ». C’est simplement qu’il n’a pas encore appris à voir l’erreur autrement. Et c’est là que nous, parents, avons un rôle important à jouer.



Lorsqu’un enfant se juge « nul » dès qu’il n’y arrive pas du premier coup, plusieurs choses peuvent se produire.


D’abord, sa confiance en lui-même vacille. Au lieu de croire qu’il peut progresser avec de la pratique, il pense que ses capacités sont figées. Et comme il n’est pas parfait tout de suite, il en conclut qu’il ne sera jamais capable.


Ensuite, sa motivation diminue. Car pourquoi s’acharner si chaque tentative est vécue comme une défaite ? Certains préfèrent abandonner pour éviter la douleur.


Enfin, son plaisir d’apprendre s’éteint. Ce qui devrait être un terrain de découverte devient une source de stress.

Et parfois, cela déborde sur d’autres aspects de la vie : le sommeil, l’appétit, la relation aux autres.


La bonne nouvelle, c’est qu’il est tout à fait possible de renverser cette tendance.


Il se trouve nul car il n’y arrive pas du premier coup : comprendre et aider votre enfant

Comment réagir quand votre enfant dit « je suis nul »

Le moment où cette phrase sort est fragile. On voudrait rassurer vite, mais souvent nos réflexes ne font que renforcer la pression.

Dire « Mais non, tu es très doué ! » peut sembler réconfortant… mais l’enfant entend parfois l’inverse : « Si je suis doué, pourquoi je rate ? »

Dire « Recommence, ce n’est rien » peut être perçu comme une minimisation de son ressenti.


Alors que faire ?


D’abord, accueillir l’émotion. Respirez doucement avec lui. Regardez-le dans les yeux et nommez ce qu’il vit :— « Je vois que tu es déçu, tu voulais que ça marche tout de suite. »


Ensuite, normalisez l’erreur :— « Tout le monde se trompe quand il apprend. Même les grands. »


Enfin, proposez un pas minuscule :— « Et si on essayait juste cette partie, pas tout d’un coup ? »


En trois gestes — accueillir, normaliser, réduire — vous transformez le découragement en une possibilité d’essayer à nouveau.


Des phrases simples pour encourager sans mettre la pression


Nos mots façonnent la manière dont l’enfant se voit. Les compliments du type « Tu es le meilleur » ou « Tu es brillant » partent d’un bon sentiment, mais ils enferment parfois l’enfant dans une étiquette.


Et le jour où il échoue, l’étiquette se casse.


Ce qui aide davantage, c’est de parler du chemin plutôt que du résultat.


Par exemple :— « J’ai remarqué que tu as pris ton temps pour écrire cette lettre. »— « Tu as trouvé une autre façon de poser tes doigts sur le piano. »— « Tu as cherché plusieurs idées avant de trouver celle-ci. »


Ces phrases valorisent l’effort, l’ingéniosité, la persévérance. Elles disent à l’enfant : « Ce qui compte, ce n’est pas d’être parfait. Ce qui compte, c’est d’apprendre. »


Apprendre la valeur du « pas encore » : transformer l’échec en apprentissage


Quand un enfant dit « Je n’y arrive pas », ajoutez doucement :— « Tu n’y arrives pas encore. »


Ce petit mot change tout. Il ouvre une porte. Il montre que la compétence n’est pas absente, elle est en train de se construire.


Le « pas encore » prend racine si on l’accompagne d’expériences concrètes. On peut ralentir une chanson difficile au piano, rapprocher le panier avant de s’éloigner, écrire un mot compliqué en plusieurs étapes. L’enfant fait l’expérience que chaque tentative le rapproche du résultat.


Petit à petit, il comprend que l’apprentissage n’est pas un test de valeur, mais un chemin.


Montrer l’exemple : quand les parents acceptent leurs propres erreurs

Les enfants apprennent énormément en observant leurs parents.

Si vous cherchez toujours à montrer une image parfaite, ils retiendront que c’est la norme.

N’ayez pas peur de partager vos ratés.

Montrez-leur un gâteau trop cuit, un meuble monté à l’envers, une erreur dans un mail. Et surtout, racontez comment vous avez réagi : vous avez recommencé, corrigé, ou accepté avec humour.


Ces moments sont précieux. Ils enseignent une leçon fondamentale : on peut se tromper et rester digne. On peut échouer et rebondir.


Créer un environnement qui valorise l’effort et le progrès


L’enfant a besoin de sentir que son entourage valorise le fait d’essayer, pas seulement de réussir.


À la maison, cela peut passer par des rituels simples :

  • Partager à table « une chose que j’ai essayée aujourd’hui » — réussie ou non.

  • Tenir un petit carnet des « progrès du jour », où l’on note ce qui a été découvert, pas seulement les victoires.

  • Instaurer le principe des « versions assez bien » : une carte d’anniversaire faite avec cœur vaut mieux qu’une carte parfaite jamais terminée.


Ces habitudes créent un climat où l’erreur n’est plus une menace, mais une étape naturelle.


Quand l’exigence devient trop lourde : savoir demander de l’aide


Il arrive que, malgré tout, l’enfant reste très dur envers lui-même. Il se décourage souvent, évite certaines activités, se plaint régulièrement de « tout rater ».


Dans ce cas, n’hésitez pas à en parler avec un enseignant, un médecin ou un professionnel de l’accompagnement. Non pas pour « étiqueter » votre enfant, mais pour trouver ensemble des façons de l’aider à poser ce poids. Parfois, un regard extérieur suffit pour débloquer la situation.


En séance, j’accompagne souvent des enfants qui se jugent « nuls » dès qu’ils se trompent.


Concrètement, nous travaillons ensemble à changer leur regard sur l’erreur.


Par le jeu, par des exercices adaptés à leur âge, je leur fais vivre des expériences où se tromper devient une étape normale et parfois même amusante.


Nous utilisons par exemple des histoires métaphoriques, des exercices de respiration ou des petites mises en situation qui permettent à l’enfant de sentir, dans son corps, qu’il a le droit d’essayer sans être parfait.


Progressivement, l’enfant découvre qu’il possède déjà en lui des ressources pour rebondir, qu’il peut transformer son « je suis nul » en « je peux recommencer différemment ».


Ce n’est pas un discours théorique : c’est un apprentissage vivant, qui lui redonne confiance dans sa capacité à avancer pas à pas.


Offrez à votre enfant le droit d’apprendre sans être parfait


Un enfant qui dit « je suis nul » n’est pas un enfant incapable. C’est un enfant qui a besoin d’apprendre à voir ses erreurs autrement.


Notre rôle de parent n’est pas de leur éviter toutes les chutes, mais de leur apprendre à se relever. De leur montrer que chaque tentative, même imparfaite, construit quelque chose.


Alors, la prochaine fois que vous entendrez cette phrase, respirez, regardez-le avec bienveillance, et rappelez-lui :— « Tu n’y arrives pas encore, mais tu es déjà en train d’apprendre. »


C’est ce message-là qui construit la vraie confiance : la certitude qu’il a le droit d’essayer, encore et encore, en restant précieux et aimé.


Nadine Jacobs

J'accompagne vos enfants à (re)devenir les héros de leur propre changement


 
 
 

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© 2020-2024 par Nadine Jacobs

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